Puno - Cuzco. "Seulement" 275 kilometres. Le trajet va durer treize heures...
Apres deux heures de bateau pour quitter l'ile de Taquile sur le lac Titicaca, un minibus nous attend. Les deux premieres heures en direction de Cuzco se passent sans encombres. On n'avance bien sur pas tres vite sur les routes de montagne qui jalonent le Perou. Mais tout roule...
Jusqu'a l'arrivee dans un petit village en bord de route... Le chauffeur s'arrete. On nous apprend que la route est bloquee : le president peruvien vient visiter la region aujourd'hui, des manifestants ont installe de grosses pierres sur l'asphalte en guise de barrage.
Pas de probleme. Le chauffeur assure connaitre "plus ou moins" une autre route pour rejoindre Cuzco. Par les montagnes, sur des pistes faites de pierres et de terre. Apres une heure bien remuante et un passage a 5000 metres d'altitude, premier pepin : un pneu arriere rend l'ame. Heureusement, Pascual le chauffeur semble etre aussi doue qu'un technicien du Paris-Dakar. En dix minutes montre en main, la roue est remplacee.
Mais le deuxieme pepin arrive vite : visiblement, le chauffeur et le guide ne semblent pas si bien connaitre la piste sur laquelle ils se sont lances tetes baissees. A chaque village, ils sont obliges de demander leur chemin. Et les explications des villageois sont peu encourageantes...
Les paysages sont magnifiques. Nous voila perdus en plein milieu de la montagne, encercles de monts enneiges et de lacs grandioses. Mais apres trois heures a sautiller sur son siege, subir le chaos de la piste, et eviter vaches, anes et moutons, on commence a souhaiter retrouver la route principale qu'on aurait du rejoindre voila bien longtemps...
On continue. Pas le choix, plus moyen de faire demi-tour. La piste est de plus en plus pourrie, les nids de poule de plus en plus frequents. Et ca grimpe, et ca grimpe... Apres plus de cinq heures de route, nous voila dans le trou du cul du monde : un petit village au milieu des montagnes, qui apparement n'est pas trop habitue a recevoir la visite de touristes. Et les pepins s'accumulent : les villageois nous font vite comprendre qu'on s'est trompe de route. Le chemin de Cuzco etait avant le dernier col. Col que le minibus a mis une heure a franchir avec peine...
Deuxieme mauvaise nouvelle, et beaucoup plus emmerdante : la roue de secours a lache a son tour...
Nous voila a la recherche d'un garagiste dans le village... Un gamin courre en chercher un dans sa ferme. En vain...
Et la nuit qui ne va pas tarder a tomber... Il faut reprendre la route, malgre le pneu creve. C'est reparti pour les pistes de montagne. Avant de grimper, un gars nous conseille d'arreter chaque camion qu'on croisera pour regonfler la roue crevee et nous offrir un peu de repit. On en croise des camionneurs, mais aucun d'entre eux n'a de pompe avec lui... On continue donc avec notre pneu pourri. La nuit tombe... Tout le monde est enerve... Les yeux fermes pour oublier que les ravins sont tout proches, les mains moites...
Les deux Peruviens qu'on a pris en stop dans le dernier village nous indique un garage. Apres une heure et demie de trajet, enfin la terre promise : un tout petit garage en bord de route qui rafistole vite fait un des pneus creves. On peut enfin reprendre la route direction Cuzco.
On est parti a 6 heures du matin du lac Titicaca. Arrivee a Cuzco vers 20 heures...